Pourquoi est-ce si difficile de parler d’émotions?

L’origine de nos émotions

Depuis notre plus tendre enfance nous ressentons des émotions, ou plutôt des sensations agréables ou désagréables dans notre corps. Quand on regarde les enfants d’ailleurs, bien souvent ils pleurent quand ils ressentent une émotion négative, quelle qu’elle soit: la colère, la frustration, l’injustice… En grandissant, nous ressentons toujours ces mêmes émotions mais nous les traduisons de différentes manières, pas qu’avec des larmes. Pour autant, il est parfois difficile de mettre le mot juste pour définir cette émotion. Nous savons que nous ressentons des sensations désagréables dans notre corps mais nous ne savons pas toujours pourquoi.

En effet, il n’est pas dans notre culture ou dans notre éducation en France de parler d’émotions. Au contraire, nous avons appris plutôt à les masquer, comme si c’était honteux. Quand une personne pleure par exemple, le premier réflexe est de lui dire « arrête de pleurer, ce n’est rien ». Mais est-ce vraiment rien? Est-ce si mal de pleurer? Les hommes en premier ne doivent pas montrer qu’ils ont des émotions, car nous avons ce préjugé qu’un homme n’en a pas, ou alors c’est que c’est un faible. Les femmes quant à elle sont vu souvent comme dominées par leurs émotions, comme si elles ne pouvaient en faire abstraction, comme si elles en étaient esclaves. 

Tous ces préjugés ne font ainsi que renforcer l’idée que les émotions sont quelque chose de mal, que l’on doit garder secret, que l’on ne doit pas exprimer au risque de paraitre faible. Cette croyance engendre ensuite des adultes incapables de contrôler leurs émotions, incapables de comprendre ce qui leur arrive, de savoir pourquoi ils pleurent, pourquoi ils mangent un paquet de chips en rentrant du travail, pourquoi ils passent tout leur week-end devant des films ou des séries…

C’était d’ailleurs mon cas jusqu’à il y a un an et demi environ. Je pleurais parfois sans raison, je culpabilisais sans savoir pourquoi, je « binge-watchais » certaines séries jusqu’à tard le soir comme si je voulais m’évader du monde réel. Je fuyais simplement mes émotions, car je pensais que si je les laissait s’exprimer je n’arriverais plus à les arrêter. Je pensais donc les contrôler de cette manière, or c’était clairement l’inverse, c’était elles qui me contrôlaient.

 

Lien entre émotions et développement personnel

Si je me suis intéressée au développement personnel, c’est que j’avais compris qu’il y avait un truc qui clochait. J’avais presque 30 ans, je venais de recevoir une promotion, j’étais en train de chercher un appartement pour l’acheter, j’avais des projets, des passe-temps qui me passionnaient… bref j’avais une vie plutôt heureuse et pourtant j’avais l’impression de ne pas en profiter à fond. Je n’avais toujours pas confiance en moi, je ne me sentais pas légitime dans mon poste, j’avais peur de changer d’appartement, peur de perdre de l’argent, peur que tout s’écroule, etc. J’enfouissais tout ça à l’intérieur de moi, je n’en parlais à personne, et de temps en temps toutes ces émotions négatives ressortaient en même temps et je passais des soirées ou des journées à déprimer.

Et puis j’ai écouté de nombreux podcasts sur ce sujet et j’ai ainsi appris à comprendre mes émotions. J’ai appris que celles-ci étaient liées à mes pensées et qu’il ne tenait qu’à moi de les changer. J’ai appris qu’il était bon de les ressentir, de les accueillir une par une au fur et à mesure pour ne pas me laisser submerger à un moment. Et j’ai appris enfin que je pouvais contrôler mes pensées et donc mes émotions et qu’il n’appartenait donc qu’à mois d’être heureuse. 

Bien entendu, ce n’est pas un travail facile, ou quelque chose que l’on fait et qu’une fois acquise l’on peut compter dessus. Le travail sur ses émotions est celui de toute une vie. Aujourd’hui encore, je ressens parfois des émotions que j’enfouis sur le moment car je me dis « je verrais ça plus tard », ou même « ce n’est rien », mais elles reviennent toujours à un moment où un autre encore plus fortes, comme un boomerang qui aurait pris de la vitesse en revenant vers nous et que l’on recevrait en pleine figure à un moment inattendu. 

 

Communiquer nos émotions aux autres

Il est rare que nous parlions aux autres d’émotions. C’est pourtant la base d’une bonne communication: partager ce que l’on ressent. Moi la première, pendant longtemps je ne disais jamais à personne ce que je ressentais, comme si j’avais honte de ressentir ces émotions (et c’était peut-être vrai). 

Par exemple, il m’est arrivée des fois de faire la tête à mon chéri quand il avait fait quelque chose qui m’avait déplu. Très souvent cela se révélait inutile et ça se finissait par une dispute car mon chéri lui ne savait pas que je faisais la tête, ou alors s’il comprenait que je faisais la tête il n’arrivait pas à deviner pourquoi. Et c’est normal. Car lui pensait des choses tout à fait différentes, ressentait des émotions très différentes des miennes au même moment.

La principale cause de ces disputes était cependant que je ne savais pas comment faire, je ne savais pas exprimer ce que je ressentais et je me disais que si je commençais à les dire du jour au lendemain l’on se moquerait de moi ou pire, on s’en ficherait. Il existe cependant différentes méthodes où l’émotion est au centre de cette communication. Mais pourquoi? Tout simplement car les autres n’ont pas accès à nos pensées et donc à nos émotions.

Prenons l’exemple de la communication non violente qui est très utilisée dans les entreprises ou dans les thérapies de couples. Celle-ci se décline de la manière suivante: 1) Observations (ce que je vois), 2) Emotions (ce que je ressens), 3) Besoins (ce que j’ai besoin), 4) Demandes (ce que je voudrais). Par exemple: je vois que tu es rentrée au delà de minuit hier soir (observation), j’étais inquiète pour toi (émotion), j’avais besoin d’être rassurée (besoin), la prochaine fois pourrais-tu m’appeler pour me prévenir (demande)?

Certes, cette façon de communiquer ne parait pas de prime abord « naturelle », au contraire je la trouvais moi-même assez robotique car nous devons suivre un schéma précis. Cependant, en la suivant cela permet d’être mieux compris de l’autre. Cette technique est donc un vrai guide pour débutant, que l’on peut ensuite adapter à son langage ou à son style. Mais c’est une base fiable sur laquelle l’on peut compter, car elle engendre de l’empathie et de la bienveillance du côté de son interlocuteur. 

Enfin, si l’on n’arrive pas à exprimer oralement ce que l’on ressent, il est toujours possible de l’écrire. J’ai d’ailleurs commencé par ça de mon côté. Je tenais en effet un journal de mes pensées et je m’obligeais tous les jours à écrire ce que je ressentais, sans filtres et sans jugements. Cette façon d’opérer me faisait un bien fou, ça me permettait en effet de faire le tri dans ce chaos qu’était mon cerveau et de découvrir parfois des choses auxquelles je ne m’attendais pas. J’écris toujours de temps en temps, moins régulièrement car j’en ai moins besoin, surtout dans des moments où j’ai du mal à comprendre ou à faire le point sur ce que je ressens. 

 

J’espère que cet article vous aidera à faire le tri dans vos émotions, à oser les exprimer, oralement ou par écrit et surtout à ne plus en avoir peur. N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous voulez plus d’informations sur ce sujet. 

2 réflexions sur “Pourquoi est-ce si difficile de parler d’émotions?

  1. Julie dit :

    Très bon article !! J’ai 33 ans et je viens de comprendre qu’écrire j’ai du mal à gérer et reconnaître mes émotions. L’écriture je trouve ça top. Si tu as des podcast à conseiller je suis preneuse

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  2. Miss Avery dit :

    Ah ! Merci pour cet article ! C’est vrai qu’on a un vrai tabou des émotions comme tu le dis et c’est vrai que pour ma part j’essaye de les transmettre le plus possible – dans ma vie professionnelle et personnelle – afin de ne pas laisser trainer des choses et des ressentiments mais c’est vrai que ce n’est pas forcément facile à mettre en place tout le temps…

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